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Volume, coût, gaspillage : les déchets alimentaires sont un problème majeur dans le monde. Chaque jour, des tonnes de denrées comestibles sont jetées, alors que plusieurs personnes ne mangent pas à leur faim. Le gaspillage alimentaire provoque une importante utilisation inutile de ressources naturelles et une grande pollution environnementale. Un peu partout dans le monde, des lois, des programmes, des règles, des campagnes d’informations et des projets institués par des gouvernements sont opérationnels pour réduire le gaspillage alimentaire. S’il l’on ne peut pas toujours réutiliser les déchets alimentaires, on peut au moins les valoriser par le compostage ou la biométhanisation.
Selon un rapport de l’Environmental Protection Agency (EPA), les déchets alimentaires produisent 18% des émissions de méthane provenant des sites d’enfouissement. Environ un tiers de la nourriture mondiale – près de 1,3 milliard de tonnes – est perdue ou gaspillée, les fruits et les légumes représentant la plus grande quantité de nourriture gaspillée, selon l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture. Pour tous les pays industrialisés, les déchets alimentaires représentent environ 680 milliards de dollars par an.
Environ 47% des aliments sont gaspillés à la maison, tandis que les 53% restant des déchets se produisent dans la chaîne alimentaire.
Le gaspillage alimentaire par consommateur en Europe et en Amérique du Nord se situe entre 95 et 115 kg par an, alors qu’un consommateur en Afrique subsaharienne, au sud et au sud-est de l’Asie, ne jette que 6 à 11 kg par an.
En moyenne, nous gaspillons environ 20 livres de nourriture par mois et par personne.
Pertes et déchets alimentaires par habitant selon les régions
Au niveau mondial, produire la nourriture qui sera jetée gaspillerait annuellement l’équivalent de la surface du Canada et de l’Union européenne en terres agricoles, gaspillerait quotidiennement 200 litres d’eau par personne, nécessiterait annuellement 300 millions de barils de pétrole et produirait annuellement 23 % des gaz à effet de serre.
Le constat ébranle, l’action est nécessaire.
Comme le gaspillage a des impacts sociaux, environnementaux et économiques, il revient au gouvernement de s’y attaquer. Plusieurs lois et règlements, ainsi que des campagnes de sensibilisation et d’implication grand public, le soutien des organismes qui luttent contre ce fléau et des partenariats avec les autres acteurs de la chaîne, poussent les villes et les industries vers une meilleure gestion des déchets organiques.
Le Québec compte des initiatives très intéressantes, mais le gouvernement a beaucoup de retard dans les efforts de diminution des pertes alimentaires. Voir notre article Gestion des matières résiduelles organiques au Québec.
Depuis l’établissement de la Loi sur la Qualité de l’environnement (LQE) en 1972, le Québec s’est doté de 3 politiques de gestion des matières résiduelles, de 2 Plans d’action aux changements climatiques ainsi que plusieurs mesures portant sur l’atteinte d’un objectif initial de zéro enfouissement ou incinération de la matière organique d’ici 2020 (Québec. MDDELCC, 2014).
À Montréal, le Plan métropolitain de gestion des matières résiduelles 2015-2020, entré en vigueur le 28 janvier 2017, a comme principal objectif de recycler 60 % des matières organiques résiduelles d’ici 2025. D’autre part, elle prévoit accueillir, dès 2020, un centre de biométhanisation et un centre pilote de prétraitementement des ordures ménagères, deux de cinq centres de traitement des matières organiques (CTMO).
En France, une importante loi sur la lutte contre le gaspillage alimentaire a été adoptée au Parlement au début de l’année 2016. La loi oblige la grande distribution à distribuer les invendus alimentaires qu’elle jetait auparavant. Grâce à cela, plus de 10 millions de repas ont été donnés aux plus démunis. Plus de 5000 nouvelles associations qui ont le droit de distribuer les invendus alimentaires à la fermeture des magasins sont apparues.
L’Union européenne a, en 2011, établi une cible de réduction du gaspillage alimentaire de 50 % d’ici 2025. Le Danemark a diminué de 25% le gaspillage alimentaire entre 2010 et 2015, et le Royaume-Uni a constaté une diminution de 21%. La France, dont Paris, cible 50% d’ici 2025, la Catalogne 50% d’ici 2020, La Belgique (Flandre, dont Bruxelles) 30% d’ici 2025 et la Suisse 30% d’ici 2020.
En Allemagne, en Belgique, en Suisse, en France, au Danemark et au Royaume-Uni, de nombreuses campagnes de sensibilisation pour le grand public ont eu lieu. La France offre depuis 2012 des accompagnements à la maison, aux familles qui le demandent, pour les aider à gérer leurs aliments. Au Royaume-Uni, l’organisme Waste and Ressources Action Programme (WRAP), financé par les gouvernements, est un exemple très inspirant, tout comme ce qu’a fait Green Cook, un projet regroupant plusieurs pays d’Europe de l’Ouest.
Au New Jersey, la loi exige que l’État élabore un plan au cours de l’année prochaine pour réduire ses déchets alimentaires de moitié d’ici 2030.
Au moins cinq États interdisent les déchets organiques des sites d’enfouissement ou exigent le recyclage des déchets alimentaires dans une certaine mesure, selon la Harvard Food Law and Policy Clinic. La Californie exige le recyclage des déchets alimentaires biologiques et exige que les entreprises réduisent la quantité de nourriture qu’ils envoient à l’enfouissement chaque année. Le Massachusetts et le Vermont ont une limite de poids de nourriture que les individus et les entreprises peuvent jeter. “If New Jersey’s food waste reduction program is successful, it may pave the way for other states to follow”, affirme Goldstein, Directeur de l’environnement de New York.
Des initiatives privées d’envergure ont lieu entre autres aux États-Unis, mais aussi en Espagne, en Suède, au Danemark, en Allemagne, en Italie, au Royaume-Uni et en Belgique, principalement sous forme de partenariats entre les divers acteurs de la chaîne alimentaire.
Aujourd’hui, les déchets sont une source d’énergie renouvelable. S’il l’on ne peut pas toujours réutiliser les déchets alimentaires, on peut au moins les valoriser par le compostage ou la biométhanisation pour les transformer en chaleur, en électricité ou même en carburant.
Afin d’atteindre l’objectif du Grenelle Environnement de 23 % d’énergie produit par des énergies renouvelables en France d’ici 2020, plusieurs projets en France, et partout dans le monde, utilisent la biomasse pour chauffer des usines, des bâtiments, et même des quartiers entiers.
La collecte séparée des déchets alimentaires avec l’élimination par la digestion anaérobie présente de nombreux avantages. Connaissez-vous la valeur de la séparation des déchets alimentaires à la source ? Regardez la vidéo publiée par Biogas Channel pour le découvrir !
Des startups pour capter la valeur des déchets alimentaires font leur apparition, entre autres dans le domaine de l’énergie renouvelable. BiogasWorld est l’une de ces startups, qui se dédie à catalyser l’industrie du biogaz en connectant les développeurs de projets de biogaz avec les fournisseurs de produits et services de cette industrie afin de faciliter et accélérer le commerce entre ceux-ci.
Dans l’un de nos articles, nous avions présenté trois startups vertes visant à réduire les déchets alimentaires et capter la valeur qu’ils renferment, tout en proposant une solution durable à ce problème mondial : la société américaine Food Cowboy, l’application Froodly et CropMobster. On retrouve entre autres Moulinot Compost & Biogaz, en France, qui récupère les restants de maints restaurants de la Ville lumière, Paris. L’application Flashfood, offerte à Toronto, permet aux épiceries et aux restaurants de vendre leurs aliments excédentaires de haute qualité à bas prix aux clients qui achètent les articles directement via Flashfood. Une autre entreprise, HomeBiogas, originaire d’Israël, a développé un digesteur anaérobie spécialement conçu pour un usage domestique, qui permet de transformer les déchets alimentaires en biogaz et en fertilisant. Pour 1kg de déchets alimentaires, le système HomeBiogas produit 0.2 mètre cube de biogaz, ce qui est assez pour cuisiner au gaz durant une heure.
L’EPA et l’USDA ont lancé un projet pour réduire de moitié d’ici 2030 les déchets alimentaires qui finissent dans les décharges. En même temps, les universités de la zone de Sacramento en Californie utilisent ces déchets pour produire des biocarburants, et même Chicago, Los Angeles et New York vont dans cette direction. Des exemples excellents de codigestion avec des eaux usées nous proviennent aussi de Los Angeles et de New York. Voyez l’entrevue avec Chris Voell (USEPA Climate Change Division).
Grâce à l’initiative « Reforming the Energy Vision », l’État de New York revoit actuellement le schéma réglementaire des services d’utilité publique pour fournir de meilleurs prix à l’énergie générée par des ressources renouvelables. Voyez l’entrevue avec Wayne Davis, cofondateur du New York Biogas Study Group
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