La microméthanisation à la ferme et à la ville : quel avenir ?

Par | 2020-05-28

La biométhanisation connaît aujourd’hui un véritable essor avec un nouveau modèle de production de biogaz : la microméthanisation (ou méthanisation à petite échelle). Pourtant, la biométhanisation d’une petite quantité de déchets organiques était jugée peu rentable il y a encore quelques années. À la fin de 2016, 130 installations de microméthanisation étaient en service en Europe. Plus petites et moins coûteuses, ces unités de production assurent facilement l’autonomie énergétique. Elles attirent particulièrement les agriculteurs, mais aussi les investisseurs d’écoquartiers souhaitant développer de nouvelles sources d’énergie propre.

Le nombre d’installations de biométhanisation s’élève à 20 000 dans le monde et, le nombre de projets, à plus de 1000 par année. Toutefois, nous pouvons encore optimiser ce type de procédés. L’utilisation de la microméthanisation est l’un des moyens de le faire. Les tendances d’aujourd’hui : les approches modulaires (ex. : en conteneurs) et les unités mobiles et « plug and play ».

Qu’est-ce que la microméthanisation?

La microméthanisation consiste à produire du biogaz, mais à petite échelle, au sein des exploitations agricoles et des petites communautés. Les unités de production de microméthanisation ont une puissance inférieure à 80 kW. La plupart des installations agricoles ont une puissance comprise entre 100 et 300 kW, alors que certaines unités industrielles dépassent 1 000 kWe. Un projet de microméthanisation se réalise à partir de 100 vaches laitières ou de 200 truies. On peut également utiliser entre 200 et 5000 tonnes de matières organiques par année pour un procédé de microméthanisation.

Quel intérêt pour la microméthanisation ? « Ne pas avoir à investir dans de grosses installations », explique François Xavier Dumur, chef de projet au sein de l’association normande Nov&atech. « Il s’agit aussi d’assurer plus facilement l’autonomie du système en approvisionnant le digesteur avec les produits de la ferme. »

La microméthanisation à la ferme

Le développement d’unités de méthanisation dans les fermes s’est imposé depuis 2010. En effet, l’agriculture et la microbiométhanisation vont de pair, et ce, pour de nombreuses raisons. Combinées, elles permettent de :

  • produire sa propre électricité et de la chaleur et, donc, d’économiser de l’argent;
  • diminuer les gaz à effet de serre associés aux effluents d’élevage et à la consommation d’énergie;
  • réduire les fortes odeurs associées à l’utilisation de fumier non traité comme engrais;
  • minimiser le transport des intrants organiques pour le traitement grâce à la proximité des installations sur place;
  • bénéficier des avantages du digestat : matière plus liquide et, donc, plus facile à épandre, moins d’adventices, d’azote minéralisé, etc.

En France, cette alternative énergétique connaît un grand succès, particulièrement en Bretagne où une dizaine de projets sont prévus. Pour les agriculteurs, la microméthanisation est un bon moyen de diversifier leurs activités à un coût raisonnable.

Microméthanisation en chiffres
Source: L’Énergeek

LES NOUVEAUX TARIFS FAVORABLES À LA MICROMÉTHANISATION

Jusqu’à récemment, les coûts d’une installation de biogaz empêchaient les agriculteurs de choisir la microméthanisation. Cependant, depuis le 13 décembre 2016, un décret fixe les nouvelles règles du tarif de rachat de l’électricité produite à partir du biogaz. Ce changement a permis de rassurer les investisseurs potentiels.

Ainsi, les agriculteurs profitent à présent d’un tarif de revente de l’électricité issue de leur activité de microméthanisation égal à 0,175 €/kWh. Ils ont aussi droit à une prime de 0,05 €/kWh s’ils parviennent à transformer plus de 60 % des effluents d’élevage issus de leur activité. Un agriculteur peut désormais faire installer sur son exploitation une station de 22 kW de puissance pour 220 000 € et plus.  Le gouvernement a également décidé, en février 2016, d’allonger la durée des contrats d’achat d’électricité produite par la méthanisation de 15 à 20 ans. Cette action leur permettra d’atteindre les objectifs de la loi de transition énergétique.

De même, la loi sur la transition énergétique impose la généralisation du tri à la source des déchets à tous les acteurs d’ici 2025. Cette obligation favorisera aussi des solutions de valorisation des déchets comme la microméthanisation.

Jusqu’à maintenant, les lois et règlements adoptés favorisent surtout les installations de plusieurs Kw avec plusieurs sources d’intrants, selon Énergies & Environnement. Fait positif à noter : selon ce site Web, certains grands joueurs dans le secteur de la microméthanisation atteignent un temps de retour sur investissement de moins de 10 ans!

Malgré tout, d’autres freins demeurent : règlementation non adaptée à l’aspect microbiométhanisation de la méthanisation, complexité de la demande d’autorisation, évaluation de la performance environnementale toujours à effectuer, etc.

La microméthanisation à la ville

En France, l’un des enjeux dans les années à venir consistera à développer la microméthanisation en ville. Plusieurs entreprises ont créé des digesteurs à petite échelle et des stations de microméthanisation pour le traitement des déchets organiques des espaces urbains.

En Grande-Bretagne, l’entreprise Homebiogas, provenant d’Israël, a développé un digesteur anaérobie spécialement conçu pour un usage domestique. Celui-ci permet de transformer les déchets alimentaires en biogaz et en fertilisant. Il faut six litres de déchets alimentaires par jour pour l’alimenter. Le biogaz produit peut ainsi être utilisé pour la cuisson, le chauffage et même l’éclairage.

Commercialisé depuis 2015, le microméthaniseur a déjà été installé dans plusieurs écoquartiers en Grande-Bretagne et est vendu dans plus de 90 pays. Leur nouveau modèle, HomeBiogas 2.0, permet la production de biogaz à petite échelle – il peut digérer jusqu’à 36 litres de fumier animal et jusqu’à 12 litres de déchets de cuisine.

Le digesteur à petite échelle de MyGug constitue un autre exemple d’une micro-technologie qui aide la population et les entreprises à mieux gérer leur déchets alimentaires. C’est un système totalement automatisé et isolé qui est proposé dans des tailles et capacités variables. Il convient à un usage résidentiel comme commercial. La capacité de ce type de systèmes commence à 0,5 tonnes de déchets alimentaires par année. Autre caractéristique qui rend ce système unique? Il est en forme d’oeuf!

Toutefois, les gouvernements doivent instaurer un cadre légal  pour développer davantage la microméthanisation dans les villes. Celui-ci doit permettre la microméthanisation en espace urbain. Notons toutefois que le gouvernement français soutient toujours le développement des énergies renouvelables.

Quelques projets de microméthanisation

Financé par l’Union européenne dans le cadre du programme Intelligent Energy Europe, le projet BioEnergy Farm 2 vise à promouvoir le développement de la méthanisation à petite échelle. Il réunit sept pays européens. L’objectif concret du projet est d’aider 700 agriculteurs à réaliser leur projet de méthanisation à petite échelle.

Pour réaliser ces objectifs, le projet BioEnergy Farm 2 conçoit plusieurs outils d’information, d’aide à la décision en ligne et des outils de faisabilité, et des formations d’experts. Bioenergy Farm a également publié un rapport sur l’ensemble du marché des différentes technologies de la méthanisation à petite échelle. Ce document évalue le potentiel de développement dans 13 pays européens.

HoSt a lancé il y a quelques années un nouveau concept : Microferm. Il a été développé pour devenir un produit unique destiné aux éleveurs qui souhaitent traiter et méthaniser leur propre lisier à petite échelle. Cette technologie compacte « plug & play » permet de produire de l’électricité et de la chaleur utile à partir du lisier de l’exploitation concernée. De plus, elle produit du biogaz pouvant ensuite être valorisé pour atteindre la qualité du gaz naturel et être injecté dans les réseaux de gaz. Le digesteur Microferm consomme peu d’énergie grâce à une technique de mélange très efficace. Elle permet une baisse de 70 % de la consommation d’énergie par rapport aux techniques de méthanisation habituelles. En 2019, HoST construisait sa première unité MicroFerm+ à Rennes, en France. Elle permettra à la ferme d’élevage de bétail de produire du biogaz à partir de déchets agricoles, puis de le valoriser en biométhane.

Methania est une compagnie tunisienne qui se spécialise dans le développement de solutions pour le biogaz, la cogénération et en énergie. Elle combine ses connaissances des technologies les plus avancées avec son expertise en ingénierie et en gestion de projet pour fournir des solutions fiables et de haute qualité pour votre projet. Son procédé Jallagaz aide les agriculteurs à valoriser le fumier de boivin, de caprin et d’ovin, les déchets de cultures et autres qui ont une matière sèche supérieure à 25 %, et ce, grâce à la digestion sèche. 

Greenmac propose la livraison et la mise en service de systèmes de raffinage du biogaz clés en main pour convertir l’énergie en carburant destinés aux véhicules ou injecter dans le réseau de gaz. Ils possèdent une grande expérience à l’international qui peut être un atout pour vous. Leur unité de biogaz à petite échelle, le Bio-Up, fonctionne avec la technologie innovante LP Cooab. Elle vous permet d’obtenir un système viable même si vous avez seulement une ferme avec 200 vaches, par exemple. En 2014, ils ont mis en service une première unité d’une capacité de 20 Nm3/h. Puis a suivi une deuxième unité de conversion du biogaz en énergie verte, qui avait une capacité de 60 Nm3/h.

PlanET Biogas Solutions, une compagnie allemande, se spécialise dans la conception, la construction et la mise en service d’usines de biogaz avancées. Ils sont reconnus pour leur capacité à mettre leur client au coeur de leurs préoccupations, leur fiabilité et leur volonté d’innover. VALENTIN, leur système de biogaz à petite échelle, est particulièrement bien adapté aux fermes qui ne peuvent implanter d’unités plus grandes. Ils sont de haute qualité, viable et ont une conception modulaire. Leur capacité se situe entre 75 et 150 kW. Ils utilisent les mêmes pièces fiables que celles utilisées dans leur plus de 1000 usines construites.

Bekon est une compagnie novatrice qui se spécialise dans les solutions clés en main de fermentation sèche et de compostage pour les municipalités et les compagnies de gestion des matières résiduelles. Leur système BEKON MINI est bien adapté pour être installé dans de petits espaces et traiter de petites quantités d’intrants. Les coûts sont peu élevés. C’est un système qui convient bien pour produire de la chaleur et de l’électricité de façon décentralisée.

Voici quelques producteurs d’unités de méthanisation à petite échelle en France : BIO4GAZVALOGREENAGRIKOMPARKOLIAEVALORKUB ProcessENERPRO. SEaB Energy, CCI Bioenergy, Biolectric

Un guide pour vous aider dans votre projet de microméthanisation

Publié par ValBiomle guide pratique « De la conception à la gestion de son unité de méthanisation  » vous accompagne dans tous vos projets  de méthanisation, dont ceuxde microbiométhanisation agricole. Différents sujets sont abordés :

– Quelles étapes dois-je suivre pour concrétiser mon projet ?
– Comment choisir la technologie et la taille adaptées à mon exploitation ?
– Quelles législations s’appliquent à mon projet et quelles aides puis-je recevoir ?
– Quelles aides financières puis-je obtenir pour mon projet ?
– Comment m’assurer que le projet est  rentable ?
– Etc.

Le bon fournisseur, au bon moment

BiogasWorld se fera un plaisir de vous aider à réaliser votre projet de microbiométhanisation. Nous possédons un vaste réseau de contacts dans l’industrie. Nous vous aiderons à trouver les bons fournisseurs de produits et de services au bon moment pour faciliter le développement de votre projet.

N’hésitez pas à nous contacter au info@biogasworld.com ou à prendre rendez-vous avec nous.

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SOURCES