Lutte contre le changement climatique en Ontario : vers une économie circulaire

Par | 2017-10-10

Ontario : en route pour l’interdiction de l’enfouissement des déchets

Dans le monde, les sites d’enfouissement sont de plus en plus saturés, alors qu’une grande partie des déchets s’y retrouvant pourraient être recyclés et transformés, par le compostage ou la biométhanisation. Comme de plus en plus de provinces soucieuses de réduire les émissions de GES, l’Ontario vise à réduire considérablement sa quantité de déchets en interdisant les matières compostables des sites d’enfouissement d’ici quelques années.

En Ontario, le secteur des déchets est responsable d’environ 6 % des émissions de gaz à effet de serre. Les habitants produisent plus de 850 kilogrammes de déchets par année, soit près de 12 millions de tonnes de déchets par année générés par la province. Au cours des dix dernières années, seulement 25 % des déchets ont été recyclés.

12 millions de tonnes de déchets par année en Ontario

Selon le gouvernement de l’Ontario, si des améliorations ne sont pas apportées, les sites d’enfouissement de l’Ontario pourraient être engorgés au cours des 20 prochaines années.

En 2004, le gouvernement libéral promettait d’accroître à 60 % le taux de réorientation des déchets en quatre ans, notamment par le biais de programmes de recyclage et de compostage. Toutefois, ce taux ne s’est pas amélioré depuis.

Considérant ces données, l’interdiction de l’enfouissement semble une cible ambitieuse.

« Des changements fondamentaux sont nécessaires dans la façon dont les gens pensent et traitent les déchets organiques », a déclaré le ministre de l’Environnement, Chris Ballard.

Loi favorisant un Ontario sans déchets

À la fin de 2016, l’Ontario promulguait la Loi favorisant un Ontario sans déchets qui englobe la Loi de 2016 sur la récupération des ressources et l’économie circulaire et la Loi transitoire sur le réacheminement des déchets. Cette loi, adoptée en juin 2016, veut assurer une transition vers une économie circulaire et réduire à zéro la quantité de déchets qui prend la route des site d’enfouissement.

« Dans une économie circulaire, nous réutilisons les ressources au lieu de les jeter », indique le rapport du commissaire à l’environnement de l’Ontario « Au-delà des boîtes bleues ».

« C’est un projet de loi qui est premièrement une politique économique parce que c’est changer l’utilisation des ressources dans l’économie et changer la responsabilité pour la fin de vie des produits », affirme Glen Murray, ministre de l’Environnement de l’Ontario.

La loi note que la Nouvelle-Écosse a interdit les déchets compostables des dépotoirs il y a 20 ans.

Des programmes doivent être instaurés pour encourager les Ontariens à mieux utiliser leurs ressources et à changer leurs habitudes comme jeter après utilisation.

Les secteurs ICI (industriel, commercial et institutionnel) doivent aussi participer pour que l’Ontario puisse faire des progrès considérables vers ses objectifs de réacheminement.

Stratégie pour un Ontario sans déchets

La loi de 2016 s’accompagne d’une stratégie qui établit la vision d’une économie circulaire de l’Ontario et fixe les objectifs d’atteindre zéro déchet en Ontario et zéro émission de gaz à effet de serre provenant du secteur des déchets.

Voici la stratégie qui décrit toutes les mesures qui seront prises dans les années à venir.

Selon le ministre de l’Environnement Chris Ballard, des améliorations aux programmes existants sont nécessaires pour réduire la quantité de déchets qui prend le chemin des sites d’enfouissement.

« Bannir les déchets organiques des sites d’enfouissement est une option que l’on évalue. […] En effectuant une transition vers une économie circulaire faible en carbone, l’Ontario a l’occasion de diriger un mouvement mondial vers un modèle plus durable apportant des avantages considérables sur les plans économique, social et environnemental.», affirme le ministre Ballard.

Économie circulaire

Un Plan d’action contre le changement climatique

Le 8 juin 2016, l’Ontario dévoilait son Plan d’action contre le changement climatique. Ce plan décrit les mesures qui seront prises pour réduire les émissions de la province d’ici 2020, et d’aider l’Ontario à effectuer la transition vers une économie prospère à faibles émissions de carbone.

Ce plan offre la possibilité de diminuer les émissions produites par les déchets, de réduire notre dépendance à l’égard des matières vierges, de favoriser une nouvelle croissance économique, de nouvelles possibilités d’emploi et des économies pour les consommateurs et les contribuables.

Selon le gouvernement de l’Ontario, ces mesures contribueraient à la lutte contre les changements climatiques, car « les émissions de gaz à effet de serre (notamment le méthane) provenant des déchets de l’Ontario ont augmenté de 25% au cours du dernier quart de siècle, proportionnellement à l’accroissement des déchets ».

L’Ontario rejoint le marché du carbone du Québec et de la Californie

À compter du 1er janvier 2018, l’Ontario rejoindra le marché intégré du carbone formé par le Québec et la Californie, afin de lutter plus efficacement contre les changements climatiques et de réduire la pollution causée par les GES.

En se reliant, les trois gouvernements vont désormais harmoniser les règlements et les rapports en matière de plafonnement et d’échange des émissions. Leurs programmes de quotas d’émission visent à réduire les émissions de GES tout en récompensant les entreprises innovantes qui émettent une quantité définie de GES et en créant des opportunités pour la création d’emplois.

« Les changements climatiques sont un problème mondial qui nécessite des solutions à l’échelle mondiale », a déclaré la première ministre de l’Ontario, Kathleen Wynne. « Maintenant plus que jamais, nous devons travailler avec nos partenaires, chez nous et à travers le monde, afin de démontrer comment notre collaboration peut conduire à des résultats dans cette lutte internationale. »

Le Québec, l’Ontario et la Californie, en poursuivant leurs efforts, préconisent l’adoption de marchés du carbone dans le monde entier, notamment par le biais de divers partenariats internationaux.

« C’est une étape importante, puisque nous formons le plus grand marché du carbone d’Amérique du Nord, a déclaré Mme Wynne, les deux plus grandes provinces [canadiennes] et le plus gros État [américain] travaillant ensemble. Je crois qu’on ne peut pas surestimer le rôle de leader que nous jouons à titre de plus grosses entités politiques. En allant de l’avant, nous allons entraîner d’autres gouvernements à notre suite. »

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Sources